« Un goût de liberté sur le bout de la langue »
« Il y a des conditions nécessaires dans la vie d’un enfant pour que les conflits inhérents au développement de chaque être humain puissent se résoudre de façon saine et créatrice.
Il lui faut des paroles justes qui seront prononcées à son propos par des personnes qui seront entendues par lui. Les parents de Jan ne sont pas les Thénardier, juste un couple à la dérive, enfermé dans ses problèmes, absorbé par une vie rude, incapable de donner à voir et à entendre des paroles et des actes structurants.
Alors, Jan doit trouver des référents cohérents, aidants. Ailleurs, cette voie –voix sera un tiers bienveillant qui donne à rêver.
Je me rappelle d’un prof passionné de littérature, de cinéma qui nous conseillait tel livre, tel film, un être vivant. Qui nous permettait de prendre en main notre vie : rêver – parler – jouer – écrire – créer… Nous reprenions là où on nous avait laissé. Nous donnant la possibilité de rêver et d’être désirant.
Ainsi, Jan parle, parle. Des mots pour le dire, des mots pour expulser ses maux. Jusqu’à la suffocation. Avec franchise, lucidité, spontanéité. Elle est admirable cette gamine de onze ans, debout, valeureux petit soldat, elle monte au combat et qui « s’y frotte s’y pique », faut pas lui chercher des noises. Petite sœur d’Antoine Doinel dont elle partage le goût de la fuite. Papa sombre dans l’alcool, Maman est au bout du rouleau. La vie ne fait pas de cadeau.
Jan se protège, protège le frère tant aimé. Il faut réagir, grandir, il faut s’évader.
Alors Jan dégage, fracassant les murs qui l’isolent. Elle part en cavale rêvant d’un ailleurs possible comme Antoine son héros, son frère en évasion. »