Sept jeunes acteurs fougueux et talentueux, guidés habilement par Guillaume Séverac-Schmitz, s’emparent de la langue de Molière pour y mettre toute leur énergie. Une version du Tartuffe qui décoiffe les alexandrins.
En s’emparant de la pièce mythique de Molière avec la « Troupe éphémère » de jeunes comédiens du ThéâtredelaCité à Toulouse, tous formés dans les meilleures écoles théâtrales, Guillaume Séverac-Schmitz joue sur les similitudes entre une compagnie de théâtre et une famille, nous invitant à porter un regard critique sur la petite société que constitue la cellule familiale, au XVIIe siècle autant qu’aujourd’hui.
Nous connaissons l’histoire de ce Tartuffe, de l’emprise de ce faux dévot sur un homme qui dirige son foyer de manière despotique. Mais les résonances modernes nous apparaissent ici avec une belle évidence. Le patriarcat, la place des femmes, les manipulations perverses d’un imposteur sont autant de sujets passés au révélateur de l’adaptation de Guillaume Séverac-Schmitz qui nous dresse le portrait sans concession d’une famille qui, si elle dysfonctionne, est néanmoins liée par l’amour.
Le jeu et la folle énergie des sept interprètes sont au centre de ce Tartuffe qui fait souffler un vent de fraîcheur sur les vers de Molière. Ça déborde d’enthousiasme, et dans cette version aux partis pris résolument contemporains, l’adresse à la jeunesse est franche.
Elle est une invitation à bousculer les rôles attribués à chacun, à s’aimer et s’écouter les uns les autres pour que triomphe le combat d’une jeunesse contre le fanatisme des pères.
© Erik Damiano